Tereza Lochmann

Expositions | 23 au 31 mars 2019

Partant d’une observation personnelle aux Philippines, Tereza Lochmann note dans quelle indifférence le chien errant tente d’exister parmi nous. A la fois méprisés et cruellement ignorés, les chiens deviennent un véritable dépôt résiduel de nos villes. Êtres en marge de notre société, errant dans les rues à la recherche de poubelles pouvant satisfaire un court instant leur estomac criant famine, ces chiens finissent sur le bas côté de nos routes, écrasés ou écroulés, ne trouvant plus la force de continuer.


Depuis la nuit des temps, l’image du chien est drapée de sens. L’exposition s’intitule Canicula, signifiant « petite chienne » en latin, nom donné par des astronomes de l’Antiquité, à une étoile de la constellation du « Grand Chien ». Le lever du Grand Chien et de son étoile la plus brillante, Canicula, coïncidaient avec le début de la saison la plus chaude et de la canicule. Porteur d’un message, dans de nombreux mythes et croyances, notre compagnon le plus fidèle fut considéré comme un psychopompe : un passeur qui conduit les âmes des morts dans l’autre monde. Tel Anubis, dieu à tête de canidé, devenu patron des embaumeurs en créant la momification, ou Cerbère, gardien des enfers empêchant les morts de s’enfuir de Hadès.
 
Ce chien errant, inerte, Tereza en trace les contours pour l’inscrire dans une série de gravures expérimentales. Processus de création en deux temps, elle élabore une matrice et son impression sur différents supports : papier, dentelle, papier peint. Ensuite l’artiste se livre à un travail de composition spontané. Le cadavre devient un leitmotiv rythmant une recherche formelle. Des illusions de dynamisme sont obtenues grâce à des jeux de superposition de la matrice aux différentes intensités d’encre. Ce motif du chien se décline dans une série homogène où chacune des compositions à sa propre grammaire plastique et ses propres références. Entre saynète absurde, digne d’un jeu surréaliste et pur déploiement dynamique pour mouvoir de son support ce cadavre exquis : une beauté émane de la charogne.

ARTISTES : Olivier Cans, Gwenaël Zéphoris, Marion Ancelme, Daphné Bitchatch, Philippe Paumier, Teryl Euvremer, Eléonore Rihouet

Share by: