Retour sur l'exposition

Seul.e.s Ensemble

Les vendredi 4 et samedi 5 juin 2021, l’Espace Canopy a accueilli l’exposition “Seul.e.s Ensemble” au cours de laquelle étaient mises en lumière des œuvres en tout genre réalisées par les 20 élèves de Terminale spécialité arts plastiques du Lycée Colbert (10e arrondissement de Paris). Au cours de leur année scolaire, ceux-ci ont dû concrétiser de 3 à 4 projets artistiques ainsi qu’une maquette imaginant comment leurs œuvres auraient pu être idéalement exposées.


En déambulant dans l’exposition, on pouvait retrouver tous types d’arts plastiques, du dessin à la couture en passant par la photographie. Si leurs techniques différaient, toutes les œuvres se regroupaient pourtant en un point : la volonté et le besoin des artistes de s’exprimer alors qu’ils étaient confinés, seul.e.s. C’est en partie l’art qui leur a permis de sortir de cette solitude et de se réunir, en passant de seul.e.s à “Seul.e.s ensemble”.

S’exprimer pour ne plus être seul.e donc, mais aussi parfois s’exprimer pour s’émanciper, se libérer.  C’est le cas de Feryal, 18 ans, qui raconte : “Grâce à [l’art], j’ai pu me retrouver et me libérer de certains codes qu’on m’a imposés depuis que je suis petite. Dans mon œuvre, je parle énormément de nudité et de sexualité, des sujets très tabous dans ma famille.” En témoignent les péripéties qu’a connues son œuvre, “Prière de toucher”. À son origine, un carnet de velours rempli de photographies et de collages retraçant chronologiquement les prémices de l’acte amoureux et incitant le spectateur à toucher, à caresser le papier, il a été détruit par le frère de l’artiste : “il l’a trouvé. Il a pété un câble et il a retourné toute ma chambre après avoir déchiré l'œuvre. C’est vraiment quelque chose de très tabou dans ma famille”. Feryal a fait le choix d’exposer l'œuvre détruite, sans la recommencer, cette destruction illustrant tragiquement l’objet même du carnet : se libérer de normes familiales oppressives.

Cette exposition était aussi une occasion pour certains d’expérimenter, d’explorer, de nouvelles techniques mais aussi de nouvelles thématiques, au gré des apprentissages techniques et des cours de philosophie. 


On peut citer l'œuvre de Séraphine, 17 ans, qui représente un kitsune, une créature divine du folklore japonais. Plutôt spécialisée dans le dessin, elle a voulu tenter une nouvelle technique : le pop-up. Sa tentative s’est compliquée à cause d’un problème technique, ce qui ne l’a pourtant pas empêchée de rebondir pour adapter son projet. En effet, elle a transformé son œuvre en un intéressant mélange entre 2D et 3D, assemblant des figures planes pour réaliser une structure en trois dimensions. Elle explique les différentes étapes de son processus de création : “J’ai d’abord réalisé des croquis pour savoir les différentes pièces que je devais assembler. Puis j’ai dû faire les patrons, puis le découpage, la colorisation et l’assemblage.”



Anouk, 18 ans, a quant à elle choisi d’expérimenter le thème du temps dans son œuvre éponyme “Le cycle du temps”. Le thème du temps, ou plutôt de “tous les temps [...] : le temps météorologique, le temps qui passe, le temps de l’écrivain,...”. Sur une même œuvre, elle a choisi de représenter chacun de ses temps par des collages et assemblages différents, confectionnés avec des matériaux variés. Elle explique : “J’ai collé des matériaux sur un carton-plume en cercle : de la paille, une fleur fanée, de la laine” . Cette œuvre nous questionne sur cette thématique complexe qu’est le temps, les possibilités de représentations de ce concept pourtant abstrait et ce qu’elles nous évoquent.

Créer pour se libérer, créer pour expérimenter ou créer pour mieux penser mais surtout, créer pour ne plus être seul.e : ce sont autant de desseins qui ont inspiré les élèves à l’origine de cette exposition qui nous a profondément émus et captivés.

Les retrouver sur Instagram : @colbert_art, @anouk_art et @fefesart 

Pour finir, quelques exemples de maquettes des élèves :

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